Accueil > TOUR D’HORIZON > Travailler plus pour gagner plus
C’est un fait établi. Les salaires en France sont globalement trop bas !
Une fois le constat établi, il est normal d’en chercher la cause. Puis de modifier la politique pour améliorer la situation.
Pour les libéraux, la cause est entendue. Les salaires sont bas, en raison de l’existence des 35h00. Supprimons les 35h00 et nos concitoyens auront à nouveau des salaires corrects.
Soit dit en passant, depuis 2002, pourquoi les gouvernements successifs n’ont-ils pas supprimer les 35h ?
Qu’à cela ne tienne, on ne va pas supprimer les 35 h mais permettre de travailler plus.. pour gagner plus, ça c’est une autre histoire.
En travaillant plus, les salariés devraient gagner plus. Ils devraient dépenser plus. La France devrait recouvrer le chemin béni de la croissance, les entreprises devraient produire plus, elles devraient embaucher pour faire face à la demande intérieure et le chômage devrait baisser. La démonstration est simple, la solution également. Dans cette logique, la nouvelle orientation politique devrait porter ses fruits.
L’élection Présidentielle derrière nous, la tension retombée, nous pouvons maintenant mieux développer notre argumentation.
Tout d’abord rétablissons la vérité. Les 35h00 ont été portées, défendues, soutenues par la CFDT bien avant 1998 [1]
La CFDT, implantée dans les entreprises, est en capacité de comprendre leur fonctionnement intrinsèque. Elle l’est tout autant que des députés ayant pour unique formation le droit ou la médecine et n’ayant jamais travaillé dans une entreprise.
Le salarié n’aime plus se rendre au travail et préfère buller ! Il est temps d’abolir les 35h00 pour rendre ses lettres de noblesses au TRAVAIL.
Ceux qui scandent cela oublient les vrais facteurs de démotivation des salariés
les licenciements et restructurations à répétition
l’absence de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
les évolutions de carrière ou de salaire à la tête du client,
l’absence de formation professionnelle pour la plupart des salariés car elle est centrée sur ceux déjà qualifiés
les mauvaises conditions de travail (postures, bruits, produits toxiques...)
le stress
les fonctionnements en flux tendu
la répression (sanctions, repression syndicale..)
le manque de respect envers les salariés
les discriminations de toute nature (homme / femme, handicap, origine, ...)
...
La France est première en chômage des jeunes et des plus de 55 ans.
Faire travailler plus ceux qui ont déjà un boulot, c’est en priver ceux qui n’en ont pas ou qui n’en ont plus.
Il faut redynamiser les secteurs industriels, par la relance de la recherche, l’innovation. Il faut aider les jeunes dans leur premier emploi.
Il faut faire confiance aux partenaires sociaux, ancrés sur le terrain des entreprises, pour proposer des améliorations, suggérer de nouvelles activités, construire ensemble des entreprises où il fait bon travailler...
Pour clarifier notre propos, choisissons une hypothèse.
Dans une brasserie 7 serveurs accomplissent chacun 35h00 hebdomadaire. Si cette mesure devait être appliquée, le Directeur de cette brasserie aurait meilleur compte de licencié le septième serveur. Il lui resterait ainsi, 6 serveurs qui accompliraient chacun 35h00, auxquelles s’ajouteraient 6 heures sup, placées n’importe quand dans la semaine, au bon vouloir du patron. Mais le compte est bon !
Tout le monde est gagnant, enfin presque ! Car il y a quand même une personne désormais au chômage et des salariés qui passent 6 h de plus au travail (plus de fatigue, de stress).
Les serveurs ne sont plus payé 35h00 mais désormais 41h00 hebdomaire, sauf quand la charge de travail se réduit et que l’employeur baisse les heures sup. Les salariés gagnent au plus 6h00 de salaires défiscalisés.
L’employeurs paye des heures supplémentaires, mais elles sont toutes défiscalisés également.
Les caisses sociales perdent 14% de recettes : 35 h non fiscalisées sur 245 h au total.
Bien sûr, cela ne se déroulera pas ainsi dans toutes les PME et TPE. N’empêche, la possibilité existe belle et bien ! A la CFDT nous serions vraiment étonné de ne pas voir ce type de dossier débouler !
Autre effet pervers de cette déréglementation !
Dans le code du travail, aujourd’hui, ne pas payer de cotisations sociales sur un salaire versé est considéré comme une fraude. Les inspecteurs du travail dressent des procès verbaux pour cette infraction.
Comment feront-ils dorénavant dans une entreprise pour déméler les heures jusqu’à 35h00 devant être chargées et les autres au-delà devant être exonérées ? Surtout dans les entreprises ayant choisi la modulation des horaires sur l’année
Un bel imbloglio en perspective ! La tentation sera de toute façon grande de faire passer quelques heures normales ou des primes comme étant des heures supplémentaires. Le salarié y trouvant son intéret à court terme, ne le dénoncera pas.
Le salarié oubliera que ces salaires ne compteront pas pour le calcul de sa retraite ou de ses indemnités maladie. Son employeurs se gardera bien de le lui dire.
Le SCERAO CFDT est opposé à cette mesure inefficace et discriminatoire !
Comme le dit l’adage populaire :
Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions
[1] Loi AUBRY I.